La Norvège met la Banque Nationale Suisse sous Pression

Le Gouvernement Norvégien a demandé à son fonds souverain de 1'000 milliards $, le Government Pension Fund Global (GPFG), d’exclure graduellement de son portefeuille d’actions, les entreprises de production et d’extraction pétrolière et gazière non conventionnelles. Le gouvernement justifie sa décision par une volonté de réduire les risques financiers sur l’économie norvégienne.

Paradoxalement, alors qu’en juin 2014, la Banque Nationale Suisse affichait des investissements de 1,9 milliards $ dans des entreprises américaines actives dans des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon, nucléaire), aujourd’hui ce montant atteint un niveau record de 6,482 milliards $.


Après plusieurs mois de travail, la décision norvégienne a été prise conjointement par un comité d’experts, une consultation publique et la Banque Norvégienne. Les comptes des pétroliers actifs dans le schiste américain et les sables bitumineux canadiens ont été vérifiés.

Sans surprise, le fonds le plus doté du monde n’a pu que constater des pertes importantes. Il est vrai que depuis plus de 10 ans, l’industrie de schiste américaine essuie des pertes colossales.

Dans sa pesée d’intérêts, le fonds a également pris en compte les risques climatiques même si les considérations financières ont primé selon le ministre des Finances, Siv Jensen. Son objectif est de réduire la vulnérabilité de la richesse commune face aux variations des prix du pétrole. Cette décision ne reflète pas le potentiel futur du secteur pétrolier et les grandes majors comme Exxon ou Chevron, qui couvrent la totalité des processus pétroliers de l’exploration à la vente, ne seront pas impactées.

 

La Banque Nationale concurrence les Entreprises suisses

Au-delà de soutenir les entreprises fossiles, la BNS investi dans 2’535 entreprises américaines dont une partie entre en concurrence directe avec l’industrie suisse de la pharmaceutique, de l’informatique, des nouvelles technologies, des fournisseurs automobiles, de l’internet des objets, des systèmes électriques, etc.

Ce mécanisme crée une distorsion de la concurrence pour les entreprises suisses qui peinent à trouver des financements pour soutenir la croissance et les emplois locaux.

 

Trois millions pour trois Directeurs

La décision norvégienne offre à la BNS une méthodologie et une démarche éprouvées. Sous l’impulsion des cantons actionnaires, un comité d’experts indépendant pourrait auditer les résultats financiers des investissements fossiles.

En cas de déficit avéré, pour chaque franc perdu, un franc identique pourrait être investi dans les entreprises et les start-ups basées en Suisse. Ce processus pourrait encourager la BNS à mieux surveiller et gérer ses investissements.

Actuellement, ces pertes sont soustraites des versements aux cantons. La BNS n’a pas commenté l’estimation d’un déficit qui pourrait se chiffrer en milliards $ depuis 2014. Détail piquant, les trois membres de la Direction Générale bénéficient d’un salaire annuel qui dépasse le million de francs chacun.

Une deuxième alternative reprendrait le concept de pollueur-payeur qui impact tant les citoyens que les PME. Avec des actifs dans des technologies les plus nocives et dangereuses pour le climat, la BNS entre dans le club des sociétés anonymes les plus polluantes de Suisse. L’argent ainsi collecté pourrait également retourner aux entreprises et aux start-ups suisses actives dans les smart city, la nouvelle mobilité ou les technologies propres.

 

Une position intenable financièrement et injustifiable climatiquement.

La décision de la Norvège exerce une pression supplémentaire sur la BNS qui tient une position intenable financièrement et injustifiable climatiquement.

Les cantons sont majoritairement actionnaires dans l’institution et EconomieSuisse tient un rôle majeur dans le Conseil d’Administration. Ces acteurs ont la légitimité d’assurer que la Banque Nationale Suisse retrouve son rôle, alors que dans sa tour d’ivoire, sa direction est devenue imperméable à l’Economie et au tissu industriel Suisse.

Finalement, elle permettra d’établir le lien essentiel entre le monde financier et les objectifs climatiques de la Confédération récemment rappelés par la Conseillère Fédérale Simonetta Sommaruga et demandé par des milliers de jeunes à travers toute la Suisse.

 

La liste des investissements de la Banque Nationale Suisse
dans les énergies fossiles aux USA au 31 décembre 2019
Cliquez pour voir la liste complète


Source: FED
Indexage et Recherche: Laurent Horvath, Avril 2019,
2000Watts.org  -  PicEnergie.org

 

Notre Dossier Banque Nationale Suisse

Avril 2019:  La Norvège met la Banque Nationale Suisse sous Pression

Octobre 2017:  BNS : En phase avec le "tout Pétrole, Gaz et Charbon" de Donald Trump

Mars 2016: La Banque Nationale Suisse empêtrée dans le schiste américain

Septembre 2015: Gaz de Schiste: La BNS perd 940 millions $

Juin 2015: Banque Nationale Suisse: 2 milliards dans le schiste américain

 

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