Fukushima: le troisième anniversaire

Le 11 mars 2011 débutait la plus grande catastrophe nucléaire de l'histoire. Depuis, trois coeurs des trois réacteurs en activité lors de l'emballement ainsi que la piscine du Réacteur 4 de la centrale de Fukushima sont toujours sous perfusion et refroidissement manuel.

Durant cette dernière année, le gouvernement et l'opérateur TEPCO ont focalisé leur énergie sur le retrait des barres de combustibles de la piscine du Réacteur 4, la diminution des fuites d'eau, à tenter de colmater les informations négatives dans les médias et de museler le système judiciaire en abandonnant toutes les plaintes!

Tous les jours entre 3'000 à 4'000 liquidateurs travaillent dans des conditions incroyablement pénibles, pour déblayer, installer des équipements, bâtir un mur souterrain, retirer le combustible usé des piscines d'entreposage, ou simplement trier les vêtements, chaussures, masques et casques. Il faudra encore 40 ans pour démanteler la Centrale.

 

Visible et invisible: du progrès au chaos

Dans la Centrale, certains progrès sont très visibles comme le nettoyage externe des bâtiments. Cependant le chaos règne près des réservoirs d'eau contaminée.

Tous les jours, des tonnes d'eau sont toujours utilisées pour refroidir les 3 réacteurs. Au contact des réacteurs, l'eau devient radioactive et une partie est récupérée. Le reste s'enfonce dans le sol et la nappe phréatique. Plus de 350'000 tonnes de liquide radioactif sont stockés dans plus de 1'200 réservoirs et comme il faut en construire une dizaine par jour, la qualité et la finition ne sont pas toujours là, d'où les fuites à répétition et les erreurs humaines. Au fil des jours, le stockage de l'eau radioactive est une bombe à retardement d'autant que le système de décontamination est à la peine.

Tepco a trouvé une parade pour diminuer la quantité d'eau sur le site: en déverser une partie dans l'océan Pacifique. Même si des traces radioactives ont été repérées sur les côtes américaines, le court terme prime.

 

Décontamination

A quelques kilomètres de la centrale nucléaire de Fukushima, au Japon, des équipes de décontaminateurs s'activent pour nettoyer les maisons et des parcelles de terrain des radiations. Le travail est minutieux et se fait branche par branche, centimètre de terre par centimètre de terre. Les hommes, qui touchent moins de 100 euros par jour, doivent enlever au minimum 5 cm de terre afin d'essayer de décontaminer le sol.

Selon les autorités, quatre fois par jour, les décontaminateurs sont contrôlés (de manière rudimentaire) pour s'assurer qu'ils ne deviennent pas à leur tour radioactif. Impossible de savoir ce que les japonnais vont faire avec cette terre radioactive qui est actuellement stockée dans de grands big bags noirs. Comme on ne peut pas faire grand chose et que les coûts de traitement sont élevés, cette terre va certainement terminer son parcours dans l'océan.

 

Le système judiciaire abandonne toutes les charges

Le Premier Ministre, Shinzo Abe, donne l’impression de vouloir tourner la page de Fukushima et des problèmes nucléaires. Cette stratégie a été reprise par le système judiciaire qui ne semble pas aussi indépendant qu'en Europe. Il y a 2 semaines, le procureur chargé d’instruire à Tokyo les plaintes déposées contre Tepco a décidé de ne pas donner suite. Remisés, les rapports d’experts accusant Tepco et ses dirigeants de négligences à répétition dans la maintenance des réacteurs! Oubliées ou mises de côté, les preuves des dysfonctionnements récurrents d’une industrie nucléaire habituée à fonctionner sans contre-pouvoirs, et sans rendre de comptes à un régulateur trop faible pour se faire respecter!

Du coup, 12 des 50 réacteurs actuellement suspendus et auscultés pourraient être remis en service sous peu

 

Les Jeux Olympiques: une nouvelle catastrophe

Le gouvernement se félicite de l'obtention des Jeux Olympiques pour 2020. Les Jeux pourront présenter le pays sous un jour nouveau un peu plus glamour. Cependant, 60% des maires des communes affectées par le séisme et le tsunami pensent que les travaux pour les JO de 2020 seront prioritaires et que cela va retarder encore plus la reconstruction.

 

L'opinion publique statique

L'opinion publique japonaise ne bouge plus guère. Elle espère que le nombre d'installations nucléaires va diminuer, tandis que les industriels du secteur estiment qu'il faudra non seulement relancer des réacteurs mais aussi en construire de nouveaux pour assurer un approvisionnement énergétique stable.  Le 23 février 2014, un candidat politique pro-nucléaire, Tsugumasa Muraoka, a été élu à la tête de la province méridionale et côtière de Yamaguchi en promettant d’achever la construction, sur l’île de Nagashima, d’une centrale interrompue par la tragédie du tsunami.

Le Japon importe des quantités faramineuses de gaz et de diesel pour faire tourner à plein régime ses centrales électriques et ses générateurs. Tiens, des dépenses pharaoniques?  Parle-t-on des Jeux Olympiques ou de l'énergie du pays? Une question de priorité.

Bon Anniversaire!

 

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